La Mère Horizontale de Carole ZALBERG
Une élève à l'honneur...
DE MERES EN FILLES

« Je n’ai jamais eu à lever les yeux pour contempler ma mère. J’ai plus souvent dû ramper vers elle », confie Fleur. Oui, horizontale saoule ou droguée, ou morte, Sabine est une mère échouée. Juste comme sa mère et encore la mère de sa mère. Voilà une lignée de femmes aux destins entremêlés qui n’auront jamais su aimer ni être aimées. Ainsi, à travers La mère horizontale, Carole Zalberg remonte le temps et conte l’histoire de ces femmes.
Comment grandir et s’épanouir quand on est né d’une « erreur de jeunesse », lorsqu’on n’est rien qu’un « enfant du premier lit» ? Assurément, comme Sabine l’a fait. Toujours en quête de liberté, Emma, sa mère volage, a abandonné et ignoré ses trois enfants. Ainsi, d’une petite fille exemplaire, Sabine est devenue membre de diverses bandes et s’est laissée emporter de lit en lit, de bouteille en bouteille, et un jour, de seringue en seringue…
De mère en fille, on se transmet la souffrance et cette hécatombe ne s’achève pas. Pourtant, Fleur, la dernière de cette vulnérable lignée, tient debout. « Dans mon cas, c’est un triomphe », affirme-t-elle. Outre la honte, elle éprouve de l’amour pour sa mère déchue. Les relations fusionnelles, animales, par la peau, ont fait sa force.
La mère horizontale est le septième roman de Carole Zalberg. C’est aussi le premier volet de la Trilogie des tombeaux où la romancière fouille la mémoire de chacune des femmes, génération par génération. Le passé, à l’évidence, est fondateur pour ses récits. « Cela correspond à ma perception du monde », a-t-elle expliqué lors d’un entretien paru dans le Magazine des livres.
Pour Carole Zalberg, dénoncer le mal matriciel n’est pas provoquer la douleur chez le lecteur, mais l’apaiser grâce à son écriture rythmée et expressive, naturellement partagée entre la délicieuse et naïve voix d’une enfant et le point de vue omniscient d’un narrateur. Et elle dévoile sa pensée à travers des phrases courtes aux mots minutieusement choisis, des images fortes, alors que les cadences dictent sans cesse le rythme du récit.
Un roman poétique et musical, qui provoque l’émotion tout en nous montrant que nul n’est prisonnier de son destin et que l’amour est un remède au désespoir.
Camilla Zaninetti, 4ème V, 13 ans